(INFOVATICANA – Renato Mambretti) – Le pape François publie un document qui préconise de renouveler l’étude de l’histoire de l’Église pour les prêtres et les agents pastoraux, remplaçant ainsi une conception présumée « angélique » de l’histoire.
« L’étude et l’écriture de l’histoire aident à maintenir vivante la flamme de la conscience collective » : dit la Lettre du Saint-Père François sur le renouveau de l’étude de l’histoire de l’Église. Le Pape exhorte à une réflexion qui conduise à une prise de conscience motivée de sa propre identité, avec l’intention de promouvoir, en particulier « chez les jeunes étudiants en théologie, un sens plus grand de l’histoire ».
Le document pontifical a été présenté le 21 novembre à la Salle de Presse du Vatican par le cardinal Lazzaro You Heung-sik, préfet du Dicastère pour le Clergé ; Mgr Andrés Gabriel Ferrada Moreira, secrétaire du même Dicastère ; le professeur Andrea Riccardi, président de la Société Dante Alighieri, ancien professeur d’histoire contemporaine et, à distance, le professeur Emanuela Prinzivalli, ancien professeur d’histoire du christianisme et des Églises.
La Lettre du Pape, destinée à la formation de nouveaux prêtres et d’autres agents pastoraux, propose une large réflexion sur la nécessité de donner un nouvel élan aux études et d’acquérir une dimension historique authentique dans la compréhension de l’histoire de l’Église, en acceptant même ses moments les plus difficiles et les plus obscurs, mais surtout en saisissant sa croissance au fil du temps.
Les différents discours ont abordé des thèmes bien connus de ceux qui sont impliqués dans l’histoire de l’Église et le débat épistémologique et disciplinaire qui s’y rapporte, vaste, parfois riche en contrastes et en positions opposées. Au cours de la conférence, la nécessité de prendre de la distance par rapport à une histoire apologétique a été réitérée (dans la ligne de ce qui a été dit dans la lettre, un sens négatif a été attribué au terme, lié à une interprétation inconditionnelle et préconçue qui transforme l’histoire de l’Église en un simple support à l’histoire de la théologie ou de la spiritualité) et l’importance de ne pas s’en remettre à un « ange » Une conception, très éloignée du déroulement réel et parfois prosaïque des événements ecclésiaux, a été réitérée. Des critiques ont également été formulées à l’égard du rôle accessoire que la discipline continuerait de jouer en ce qui concerne la théologie dans les domaines d’enseignement traditionnels.
La référence à un Dieu qui entre « sur la pointe des pieds » dans l’histoire, qui dans un plan de salut appelle l’humanité à lui, a été particulièrement remarquée. De ce Dieu, l’accent a été mis sur la capacité de partager la dimension humaine, laissant quelque peu atténué le fait que cette initiative extraordinaire est voulue par un Absolu qui rencontre la finitude de l’histoire humaine, se proposant lui-même comme l’unique chemin vers le salut. Les intervenants ont ensuite souligné la dimension historique irréductible du christianisme, qui est en partie partagée avec la religion juive par opposition aux religions orientales ou à la croyance musulmane, reconnaissant l’attention progressiste que l’Église du siècle dernier a accordée à cette dimension, qui est également présente dans la formule de foi chrétienne.
Le grand potentiel formateur de l’enseignement de l’histoire a alors été souligné : la capacité d’éduquer à percevoir la profondeur du passé et ainsi à nous arracher à la dimension d’un présent plat et éternel dans lequel nous risquons – grâce à l’utilisation exaspérée des médias – de vivre comme des enfants du vide ; la capacité de saisir et d’accepter ce qui est différent, de ne pas se replier en défense au sein d’une citadelle fortifiée de certitudes mais plutôt de s’engager dans une rencontre avec le monde et sa complexité.
Dans la lignée de nombreux courants historiographiques qui ont émergé dans la recherche contemporaine, un thème cher au pontife a été fortement souligné, soulignant la nécessité pour les études historiques de donner aussi la parole aux « moins importants », à ceux qui n’ont compté pour rien ou pour très peu dans le déroulement des événements mondiaux, aux pauvres au sens large du terme, dont personne ne se serait soucié et qui aurait fini par disparaître de la conscience commune. À cet égard, la référence d’Andrea Riccardi à la précieuse œuvre de récupération des noms et de la mémoire des martyrs chrétiens du XXe siècle, commandée par le Pape Jean-Paul II, est fondamentale ; cette reprise a fortement affecté et changé la conscience de soi de l’Église contemporaine, car seule une connaissance de son propre passé, aussi intégrale que possible, lui permet de se projeter dans la construction de l’avenir.
Au contraire, la perte de la dimension historique, en tant qu’enfants du vide, d’une époque sans passé, entraîne l’atrophie de cette espérance eschatologique, vers laquelle même l’imminent Jubilé nous demande de regarder.
Au cours du colloque, la tentative d’inclure l’importance de la Lettre du Pape sur le rôle de la littérature dans la formation, d’août dernier, dans la sphère de ces réflexions, est apparue assez problématique. Pour tenter de récupérer ce deuxième texte, des parallèles génériques et des intersections forcées ont été proposés, qui ne tenaient pas compte des statuts épistémologiques différents des deux disciplines.
Tout aussi fragiles étaient les affirmations trop synthétiques sur le salut qui ne serait pas réalisé au niveau de l’individu, mais en tant que peuple de Dieu, et sur la nécessité de pouvoir apprendre de tous, sans autres spécifications, bien qu’indispensables. Une articulation plus réfléchie et une plus grande précision à cet égard auraient permis de mieux comprendre la pensée des intervenants.
Les interventions des journalistes ont été peu nombreuses, mais précises. En particulier, une question sur la position des mouvements traditionalistes, qui semblerait en désaccord avec ce que propose la Lettre pontificale, a été suivie de la réponse précise d’un intervenant, visant à nier que ce monde, bien que présent dans l’Église contemporaine, ait une perception claire du sens de l’histoire. Il est regrettable qu’un tel jugement, formulé de manière générique, dépourvu des fondements nécessaires, déclenché par une réaction, ait été prononcé précisément par un historien qui, peu de temps auparavant, avait indiqué une recherche historique authentique comme préalable à toute évaluation et avait chanté les louanges d’une méthode d’investigation correcte et honnête, capable d’enquêter sur la complexité du phénomène qu’il entend explorer.
Il est à souhaiter que la révolution dans l’enseignement futur de l’histoire de l’Église, vivement souhaitée par les intervenants, prenne en compte les meilleurs passages de la Lettre de François, rendant justice aux revers qui sont clairement apparus lors de sa présentation.